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  • Le psy cause

Dit moi quels patients tu as, je te dirais quel psy tu es

Un point quand même notable : J'ai plutôt des patients sympas. Bon en fait ça s'explique assez simplement : je dois avoir la moitié de ceux qui me rencontrent qui ne revienne pas plus de quelques fois. Au début ça m'a un peu inquiété cette propension qu'ils ont à tomber malades sur les créneaux de nos rdv. "Bonjour, pouvons nous reporter notre rdv ? Je suis malade ce jour." Paf, en série. A se demander de quelle peste j'étais porteur... Et évidemment plus de nouvelles ensuite. Et par je ne sais quel sixième sens, je savais plus ou moins quels patients allaient tomber malades. Peut être avais je loupé ma vocation après tout, j'aurais dû faire médecine. C'était toujours ces mêmes profils dont je ne savais pas trop ce qu'ils cherchaient en venant me voir. Une souffrance pas trop manifeste, une inquiétude très diffuse, une manière de situer le problème à l'extérieur de soi. Enfin bref des gens qui souffraient un peu mais se tenaient très fort à leur rideau d'illusion. Je ne sais pas s'il s'agissait chez moi de naïveté, écoutant le mantra de la fac comme quoi il faut laisser le temps aux gens de se sentir en confiance pour déposer leurs défenses et que se forme la demande, ou alors par simple volonté d'avoir des patients et de faire mes preuves mais je leur proposais de se voir quelques fois pour qu'on voit comment les choses évoluent. Mais mon intuition savait à peu près à quoi s'attendre. Maintenant je fonctionne différemment. Si je ne les sens pas, je ne leur propose pas directement de rendez vous pour les fois suivantes. Je leur dis simplement de réfléchir à ce que vouloir dire d'aller voir un psy puis de me recontacter ensuite. Ca m'évite des embarras d'agendas. Et ça me donne moins l'impression d'être porteur de maladies. Dans le genre pensées à la con qui m'ont traversées, je me suis demandé si je n'étais pas un mauvais psy pour ne pas accueillir ces demandes grises. L'autre récit que je peux me faire, c'est qu'au contraire, je suis plutôt exigeant et que les atermoiements névrotiques où "c'est l'autre qui est le méchant et dites moi que vous m'aimez " me sortent assez par les trous de nez pour que je ne perde pas mon temps avec ça. Si c'est pour m'emmerder en séances et voir le patient ne pas bouger d'un pouce, ça n'a que peu de sens pour moi autant que pour eux qu'ils viennent. A contrario il y a ces patients qui viennent à vif. La douleur est là, présente. Ca fait des années qu'ils pensent à aller voir un psy, sans franchir le pas. Mais la ils rendent les armes, ils sentent qu'ils ne vont pas y arriver tout seul. Il y a souvent une grande solitude chez eux, ils ne savent plus, ou n'ont jamais eu l'occasion d'avoir un lien qui leur permette de se dévoiler sans que l'autre les juge. Ils ont des opinions sur eux même où ils se considèrent comme des monstres pour des choses qui relèvent plus de la souffrance de vivre. L'une qui est jalouse quand une amie rencontre quelqu'un se pensait un monstre de ne pas pouvoir être heureuse pour les autres. Alors qu'au fond elle crevait juste de peur d'être abandonnée par les gens de son entourage. L'un qui sombrait dans des phases mélancoliques et se disait que c'était sa damnation à lui. C'est mes patients préférés, ils font le boulot quasiment tout seul. Il suffit de leur amener certains points de réflexions, en fonction de leur discours et les choses se mettent peu à peu à changer pour eux.

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