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  • Le psy cause

Lecture estivale !

Dernière mise à jour : 13 sept. 2020

Je suis tombé sur un bon bouquin traitant de psychanalyse, ça vaut le coup d'en parler ici ! En général, les bouquins de psycho m'assomment. Ca vole à mille lieux dans la théorie souvent, ça cite Freud ou n'importe quel maître toutes les deux secondes parce qu'il faut rendre hommage au père, ça parle un langage autoreferenciel qui jouit de lui même, ou encore certains voulant à tout pris faire coller leur petit bout de théorie à une vignette qu'on sent comme des enfants montrant leur collier de nouille à un parent. Bref, ca me tombe des mains. Il y en a bien quelques uns qui savent garder le tranchant de la clinique et la saveur de ce qui se joue dans les entretiens. Chez les lacaniens, les seminaines de Lucien Israël se dévorent. Il arrive à mélanger précision clinique, éclairage théorique, avec cet humour légèrement dépressif qui charme par sa lucidité. Plus grand public, Irvin Yalom met tout son talent dans un suspens thérapeutique où se mêle la complexité de la clinique et de longues vignettes. On voit le psy dans la pratique et c'est assez agréable. Et bien voilà un nouveau venu dans mon panthéon des psys agréables à lire : Robert Akeret et son bouquin "à quoi sert la psychanalyse ?" Le titre est trompeur, on n'a pas affaire à un plaidoyer venant frayer contre les autres méthodes en mettant en avant la subjectivité, le désir, l'humanité tragique comme un reglieux irait prier un saint. Il n'y a rien de plus rebutant que les querelles de chapelle, sans compter l'absence de productivité : les convaincus sont convaincus, chacun opine en se disant qu'il n'a rien compris ou qu'il a raison selon son camp et rien n'a bougé. Mais revenons à Akeret. Il est intéressant à plusieurs titres. Déjà pour sa démarche. Arrivé en fin de carrière, une question lui apparaît dans toute sa gravité : est ce qu'il a servi à promouvoir quelque changement durable dans la vie de ses patients ? De là, il décide d'en recontacter certains et de voir. Le voilà parti pour un voyage à travers l'Amérique. Chaque chapitre est selon la même séquence : d'abord les séances telles qu'elles se sont déroulées puis une rencontre 20 ans plus tard où il prend la mesure de ce qu'a été la vie de la personne depuis. Les cas sont drôles à lire tout en restant touchants, des gens abîmés trouvant des solutions à la démesure de leur mal être. Je citerais notamment le cas d'un zoophile amoureux d'un ours. Le problème, c'est que l'ours ne se laisse pas approcher. Si l'amour est aveugle, les pattes de l'ours visent juste, elles. Le patient vient mais pour 5 semaines uniquement, après il repart avec son zoo et l'ours en tournée. Adeker y voit la menace qui pèse sur le patient et tente des choses. La raison, l'anamnese, l'interprétation, le biais avec la perversion. Rien n'y fait, et on s'approche de la dernière séance. Sur une illumination, il dit au patient qu'il va faire comme les thérapies de couple, et que dans les thérapies de couple, il faut entendre les deux parties, alors que jusqu'à présent on n'en a entendu qu'une seule. Et de ce pas ils se rendent au zoo ! Arrivés sur place, Akeret se lance dans un psychodrame où tout à tour lui et son patient vont incarner l'ours. Et miracle quelque chose opère. Ça m'a fait un bien fou de lire cette vignette. De plus en plus je suis convaincu que les psys s'accrochant au cadre ont quelque chose de très phobique. Ne me faites pas dire ce que j'ai pas dit, le cadre est un très bon outil, de réflexion, un tiers inestimable. Mais ça vire parfois à la superstition. Se réfugier derrière le fait qu'il faille un temps pour que le patient aille mieux est pas faux, mais parfois la méthode est aussi à revoir. Essayer de trouver l'angle qui fera bouger les choses me paraît éthiquement plus viable que la douce inertie de celui qui ne tente rien. Je suis pour une éthique de l'invention, pas une éthique de musée Il y a aussi des passages que je trouve drôle. Ces supervisions chez Éric Fromm (que je ne connaissais pas du tout, même si le courant des Freudomarxistes me parle) sont décalées et assez loin de toute orthodoxie. De la même manière, quand il évoque l'efflorescence des thérapies qui naissent dans les années 70 avec leurs votes révolutionnaires et grotesques, mais pris dans cette étincelle de vie et d'expérimentation, c'est agréable. Manque de bol, Akeret n'a rien d'autre de traduit en français. Si jamais vous avez des trucs assez similaires, je prends !

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