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  • Le psy cause

J'ai aucune idée de ce que je raconte...

Psy c'est quand même un métier où on ne sait jamais trop ce qu'on raconte. Enfin moi, en tout cas je sais jamais trop ce que je raconte. Je saisis parfois pas trop bien d'où je parle comme disent les révolutionnaires de plage des années 60. Bon, donnons des exemples, que je me fasse comprendre. L'autre jour, d'une patiente qui me raconte qu'elle va pour la première fois avoir une stagiaire et commente en disant que c'est une opportunité, je lui rétorque "Mais vous en avez pas marre des super opportunités ? Moi désormais quand je vais entendre ce terme là ça voudra dire Bordel je suis fatiguée me donnez pas autre chose à faire." Enfin bref, la neutralité, la bienveillance, j'étais dans la note juste qu'on attend d'un psy... Je me suis surpris moi même à cet élan un peu agressif. Est ce que la gueule de bois amenuisait ma politesse naturelle et me rendait à l'état sauvage ? Qu'est ce qui me prenait ? En fait je l'avais déjà entendu avancer cet argument de la super opportunité à saisir, dans un contexte assez similaire. Et c'est toujours faux, on sent jamais sa subjectivité impliquée quand elle dit ces mots. C'est le cache misère de sa fatigue. De là, elle me raconte que depuis toute petite son père lui mettait une pression permanente pour faire plein de choses, sports, musique, voyage, au mépris d'elle même et de ses envies. Et que oui, quand on a été éduquée comme ça, de toute façon on se sent pas au niveau. Donc on se fatigue dans un mépris de soi qui nous pousse à bout plus qu'en avant. En somme c'est à son discours que je réagissais, de manière un peu plastique sans trop bien savoir pourquoi. Et, au delà de mon psychisme affaibli par ma soirée de la veille, c'est aussi de cette colère dont elle ne peut rien dire que je me trouvais chargé. Bon, je sais pas si c'est très clair, ce cote surprise de ce qu'on raconte alors allons y d'une autre anecdote. C'est une patiente étudiante, qui a des discours très construits. Quand on fait science po, qu'on se mêle d'affaires politiques, c'est bien la moindre des choses. Et elle me raconte qu'elle ne va pas bien mais sans pouvoir me dire tout à fait les choses. De toute manière elle n'a plus l'habitude de se confier sincèrement depuis qu'elle est dans game of throne. Les amis ne sont jamais des amis, toute discussion est une discussion ou l'on critique un parti, on donne des points de faiblesse dont l'autre va se servir contre soi. Et, au delà d'une petite persécution, c'est aussi la réalité de ces milieux qui créent du paranoïaque et de la persécution à la chaîne. Quand elle me parle d'une association dont elle n'est plus la présidente, je lui répond qu'elle a perdu son bébé, quand elle me dit qu'elle a peur d'être ostracisée je lui répond qu'elle a peur d'être le vilain petit canard, quand elle dit que son statut de présidente la protégeait je lui répond que Batman aussi à besoin de son costume et qu'il est plus vulnérable sans. Bref, c'est quoi mon problème à ramener des signifiants de l'enfance ? La aussi, je réagis malgré moi à ce trop plein de sérieux et de respectabilité qu'elle veut mettre dans sa vie. J'essaye plus de la ramener là où je pense qu'elle en est de ses émotions. Et une fois de plus je me surprends à parler des langages différents. Joie de se laisser imprimer malgré soi par la subjectivité de l'autre... De manière plus consciente, c'est toujours amusant quand les patients ont une identité assez marquée politiquement. De l'un qui ne sait que me parler d'évolution dans l'entreprise, je vais finir par lui lancer que je me demande s'il se prend pas pour un pokemon à n'avoir ce que mot là à la bouche. Évoluer vers quoi ? Plus d'aliénation ? Ou d'une militante d'extrême gauche avec qui on pourra rire des travers de son camp politique. Enfin bref, c'est quand même un métier où on ne cesse de se surprendre, même le cul assis sur sa chaise.

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