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  • Le psy cause

Je veux ma note blablacar

Hier j'ai terminé un suivi.


Enfin, quand je dis que je l'ai terminé, c'est la patiente qui y a mis fin. Elle qui m'avait réclamé qu'on fasse un bilan depuis si longtemps, la pauvre arrivait électrique à chaque début de séance en me racontant ses péripéties avec les mecs. C'était assez drôle à suivre d'ailleurs, je l'accueillais en lui demandant ce que les scénaristes avaient prévu cette semaine.


Elle était venu pour un ex qu'elle n'arrivait pas à oublier. Avec des crises de stalking sur Instagram. Elle m'aura appris un truc d'ailleurs : le retour d'un tour du monde en couple comme moment explosif. Passer de l'adrénaline, des paysages sublimes et des nourriture cheloues au métro, Netflix et plats Picard peut se révéler cassé gueule dans les virages. Et paf son couple à explosé.


Bon je rassure mes milliers de lecteurs angoissés à l'idée de partir en voyage en tour du monde, il y avait d'autre choses qui déconnaient dans son couple. On en a fait le tour.


Et donc elle arrive hier, moins électrique, me dit qu'elle veut arrêter et amène directement la question du bilan. Le fruit était mur cette fois donc. Elle me raconte les points sur lesquels elle a bougé, bref fait son boulot de patiente en dernière séance quoi. Je lui dis ce que je vois de mon côté, qu'elle arrête aussi probablement parce qu'elle a une histoire naissante.


Notre séance précédente avait été autour de ses angoisses de cette historie naissante, comme quoi elle vrillait parfois face aux réactions de l'autre, se demandant du coup si elle était prête et que blabla... J'avais coupé court en lui disant que de toute façon l'amour, surtout en phase de rencontre, rendait fou, plein d'insécurité dans le lien à l'autre et qu'au contraire, elle était angoissée mais tout semblait normal dans son état.


Je lui ai conseillé Luchini et les fragments du discours amoureux, malgré le côté intello de Barthes, ça décrit bien ce qui se joue. Pour les plus motivés il faut aller du côté de chez Lucien Israël (notamment son DVD parlez moi d'amour, mais toute son œuvre est sur cette question.) Mais je m'égare.


En tout cas, elle semblait assez assurée de son histoire naissante pour mettre fin à notre relation. Elle me l'a assez dit d'ailleurs, j'étais le dernier lien avec cette histoire, il fallait y mettre fin donc. Elle a toutefois été moins brutale dans sa manière de conclure son suivi que son ex l'a été dans sa rupture.


Dans les dernières minutes, je lui ai demandé, au delà du processus, ce qu'elle avait pensé de ma manière de faire. Moi aussi je veux ma note Blablacar ! Parce que c'est sympa ce métier, mais on avance toujours à l'aveugle.


Le premier point qu'elle a cité, c'est qu'elle avait été contente que je dise parfois mon avis. Elle cite notamment son rapport à son ex où selon elle je disais ce que je pensais de la situation. À vrai dire, elle a même un peu oublié, parce que je me souviens de légères interventions toute en neutralité, du type " Mais dites, ce serait pas un gros fils de pute pour agir de la sorte ?" Techniquement je jouais sa colère à elle, ce qui couvait sous l'idéalisation. M'enfin de son point de vue, je donnais mon avis.


Le second point a t'elle poursuivi c'est que je la renvoyais dans ses cordes, que je la renvoyais à des questions et que c'était à elle de bosser. Bon, je me reconnais assez là aussi au final. Elle se rappelle notre première séance où j'avais fini par lui dire que si elle voulait des solutions miracles, le marabout c'était la porte à côté. Bon bon, mes gros sabots, toujours.


Enfin, un peu plus tard dans l'échange, elle est revenue sur cette histoire de la renvoyer dans ses cordes. Et elle m'a reparlé de la manière dont je l'imitais parfois "Mais si vous étiez là : nan mais je vais bien, pourquoi vous me dites que je vais mal, moi je vais toujours de l'avant et la vie est belle alors pourquoi vous me dites ça ?!" Elle m'imitait en train de l'imiter. Inception ! Enfin bref, l'imitation donc s'est révélée quelque chose de thérapeutiquement utile. Ca lui donnait ses travers comme en miroir. C'est étrange quand même cette histoire. Moi j'ai fait ça, certes pour lui montrer comment elle réagissait, mais enfin ça appartient à mon côté en roue libre... De la à dire que c'était un aspect qu'il fallait noter dans la thérapie et me le redonner à la fin comme élément nodal, il me semblait qu'il y avait de la marge.


Chers confreres, éclairez moi, qui parmi nos vaillants anciens à écrit la dessus ! Est ce qu'il y a eu un sagouin assez en mal d'idées pour essayer de se faire un nom avec cet outil là ? Ou alors une carrière m'attend ! Je dois savoir. Je créerais l'école du mime psychologue. Ou bien le cours Florent des psy ! Bon, dans les faits, ça rameuterait probablement plein d'hysteriques, ça serait assez vite fatiguant. Après mûre réflexion, j'abandonne cette brillante carrière, au nom de la préservation de ma santé psychique.


Et pour finir sur ma patiente, j'avais une collègue qui me demandait ce que j'ai répondu pour finir le suivi. Elle me disait qu'elle disait souvent que la porte restait ouverte si les gens voulaient revenir etc. Je réponds ça parfois aussi. En l'occurrence, je lui ai juste dit que j'espérais ne jamais la revoir. On a rit une dernière fois et elle a enfourné son vélo pour je ne sais quelle aventures.

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