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  • Le psy cause

Mais la psychanalyse ? C'est quoi ton problème avec ?

Dernière mise à jour : 5 févr. 2019

C'est Freud qui appelait sa construction théorique sa vieille sorcière.

Pour ma part j'adore la psychanalyse. C'est un outil de réflexion extraordinaire.

J'aime tout autant les psys appliqués, qui ont ca dans les tripes et qui ont un rapport vivant à tout ca. J'ai la chance de bosser en plus du libéral dans une institution où l'on s'occupe d'enfants. J'ai parfois un petit vertige alors que nous sommes en réunion et qu'on échange pendant deux heures sur les divers aspects qu'un enfant nous donne à comprendre. C'est un peu dingue avouez, qu'on se demande ce qui est en jeu quand un enfant dit tel truc, puis qu'on s'arrête sur son rapport aux devoirs, avant de repartir d'une anecdote qui va nous redonner de quoi penser pendant 25 minutes et nous éclairer sur une autre part de son psychisme.

Quand on y pense, c'est un sacré dispositif, 10 personnes autour d'une table, chacun à sa manière soucieuse d'appréhender le fonctionnement psychique d'un gosse, qui prennent deux heures de leur temps pour penser autour de ca. C'est presque fou.

La psychanalyse là est un outil précieux pour comprendre. C'est pris dans le tissu de la vie. Et des collègues que je fréquente en dehors, c'est la même chose. C'est vivant.

Non, ce qui me gêne, c'est autre chose. C'est un trait bien plus général dans la vie mais qui se recoupe avec ce rapport au savoir.

Je suis l'enfant un peu débile du conte d'Andersen, les habits de l'empereur qui voit le roi nu. Et c'est un fait que beaucoup de gens s'hypnotisent à répéter ce qu'ils entendent au point de perdre tout sens commun. Ou de croire qu'il s'agit là du sens commun.

Pour ce même travail en institution, je suis obligé d'assister à des séminaires. C'est assez terrifiant de voir combien les deux tiers des intervenants qui viennent occuper la tribune n'y viennent pour ne rien dire. "Voilà ce qui s'est passé, voilà ce que dit la théorie et hop, ca a été résolu." Bon, le tout enrobé hein. Mais au final on se demande ce qu'ils viennent dire. "Salut, je suis un bon élève et je voulais rendre hommage à la théorie qui a tout compris et nous a permis de tout expliquer." ? Bah ferme ta gueule alors ...

A contrario, certains intervenants sont très touchants. Bon, c'est assez simple de me toucher, faut me faire des récits comme Pixar en fait. Etape 1 : le héros a une croyance. Etape 2 : la vie (en l'occurence la clinique chez moi) offre une difficulté et plonge le héros dans le désarroi. Etape 3 : Il faut essayer de nouvelles choses qui ne sont pas bien acceptées par tous. Etape 4 : nous réussissons et venons transmettre de nouvelles connaissances. Moi on me file un récit d'explorateur et je suis emporté. Bon, je suis un peu plus exigeant qu'un Pixar quand même, mais c'est l'idée.

Mais je m'égare. Ma détestation, ce n'est pas la psychanalyse, c'est le conformisme. Alors je les imagine déja tous me tomber dessus en disant que "la psychanalyse est une dynamique subversive et que le conformisme c'est pour les autres mais pas pour eux !" Comme le disait Baudrillard "Le système produit une négativité en trompe l'œil, qui est intégrée aux produits du spectacle comme l'obsolescence est incluse dans les objets." Nan, je me la pète. En gros le mantra de la subversion est un conformisme comme un autre. Autre formule, plus en mode moraliste : la subversion est le conformisme des demi intelligents.

La psychanalyse est et reste ma boussole.


Ce que je disais, de suivre le tempo du patient, de ne pas être dans une position de sachant, tout ca ce sont des acquis de la psychanalyse. De manière générale, tous les appareils théoriques de la psychanalyse, la construction psychique, le rapport au langage, la construction des défenses, le structuralisme, la vision assez pessimiste du monde, c'est ce qui me fait penser ma clinique.


Mais s'autoriser à être vivant, questionner, essayer d'autres choses me parait être son héritage, non pas ânonner les mêmes mantras dévitalisés qu'il y a 150 ans.

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