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  • Le psy cause

Mon métier ? Torturer et rendre addict


Y a parfois des représentations très étonnantes du métier qui surgissent. Allez, je vous raconte. Un patient, on doit en être au quatrième entretien.


"- Par contre ma meilleure amie m'a mis en garde contre vous. - Ah ? - Oui, elle a été voir votre site et a vu que vous étiez d'orientation psychanalytique. Elle dit que ca peut créer plus de problèmes que ca peut en résoudre. Ou que ca peut créer des effets d'addiction genre le crack. - En gros vous êtes en train de dire que je suis un tortureur nazi ou l'équivalent d'une drogue dure. "

Vu ce qu'il se mettait dans le nez et les poumons, il avait pourtant déja de quoi s'occuper de ce coté là. Au moins il me parlait honnêtement de ses craintes. Voire, si on parle d'un point de vue transférentiel, là où il craignait de me mettre en tant qu'objet.

"- Elle m'a dit que ce qui serait mieux pour moi, ca serait une TCC. Parce que la psychanalyse, on sait comment ca se passe. - Bah oui, c'est la faute à votre mère de toute facon. Enfin non, ca peut être votre père aussi, ca laisse un peu de marge. - Ouais, j'avais peur de trucs comme ca. Après j'y connais rien moi, TCC ou psychanalyse. - En gros, c'est un concours de bite entre psy pour qui a la meilleure théorie du psychisme. Peut être, pour sortir un peu de ca, parce qu'il y a des cons dans chaque branche, le meilleur repère c'est comment ca vous sert ? Comment vous vous sentez avec le psy en face, parce qu'au dela de la théorie, c'est quand même un truc qui dépend pas mal de la personne. C'est vous qui restez le meilleur juge. Même si on sait que c'est la faute à votre mère, hein, de toute facon."

On peut polémiquer sur l'idée que ce soit le seul juge, la relation thérapeute/patient incluant forcément sa dose d'influence. Mais bon, laissons ca de coté. Ce n'est pas la même chose quand on parle d'une relation thérapeutique de plusieurs années ou bien des craintes surgissant en début de thérapie.

Dans tous les cas, il ne s'agit pas d'appliquer une théorie machinalement mais de partir du plus près du vécu d'une personne pour essayer de dégager des pistes, que ce soit dans les répétitions de ses attitudes à l'autre ou même les fantasmes qui se dégagent pour essayer de redonner au patient des clés de lecture de son fonctionnement.

J'ai toujours trouvé un peu con le prêt à porter argumentaire que les tenants de la psychanalyse renvoient. "Non mais les TCC, ca fait que déplacer le symptome." Bah écoute, c'est déja pas si mal des fois que le symptome soit déplacé, ca aide à vivre. Et puis de toute facon, comme si la psychanalyse faisait disparaitre, elle le symptome ? Au mieux elle le dévide de son sens, ca n'empêche pas que dans les moments de crise, il réapparaitra. Il deviendra signal d'alarme que quelque chose merde et permettra de se poser des questions sur sa vie.

Pour autant, tout n'est pas faux dans ce cliché de la psychanalyse comme archéologie de l'infantile. En même temps, comment ne pas croire que notre histoire n'ai laissé une empreinte sur nous non plus ?

Ainsi d'une patiente atteinte de surdité qui avait peur d'aller demander à son chef puis à la médecine du travail des aménagements pour son poste. Là elle se laissait mourir à petit feu, mangeant de moins en moins parce qu'elle allait mal. Si d'un coté, elle aura pris sur elle d'aller demander, de l'autre, on aura creusé la piste de l'enfance et ca aurait fait surgir une mère qui faisait peu de cas des demandes de ses enfants.

Ou encore de cette autre patiente qui après s'être faite manger le cerveau par un pervers narcissique (je déteste cette étiquette biba magazine, mais faut avouer que certaines personnes rentrent bien dans le portrait clinique. A l'occasion, j'irais faire un sort à ce terme ... ) a fini par me parler de sa mère qui avait le même genre de comportement avec elle.

Dans ces cas là, on peut tirer le fil de l'infantile, mais ca serait tronqué si c'était le seul. C'est de la responsabilité de chacun qu'il faut en appeler. Et, de ces deux, je les aurait renvoyé à ce qu'il en était de leur désir, ce qu'elles voulaient pour elles mêmes. Ce n'est pas parce que notre enfance nous a préparé des pièges pour toute une vie qu'il faut aller se noyer dedans une fois adulte. Encore faut il pouvoir repérer la répétition et pourquoi on y fonce.

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