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  • Le psy cause

Qui veut faire l'ange fait la bête.

Qui veut faire l'ange fait la bête.


Allez savoir pourquoi cette phrase m'est venu. Peut être parce que je lisais des conférences de K Dick où il mélangeait l'avenir technique avec des prophéties de l'au delà (la vie après la mort devenant pour lui l'avenir. D'ailleurs faudra un jour que je vous parle du transhumanisme comme religion de la technique. Allez avouez, ça en impose comme thème non ? Sisi, essayez de le sortir en soirée, en prenant l'air inspiré. Bon, certes, le plus probable est que vous récoltiez un blanc gêné et qu'on redemande un peu de vin.)

Alors mon cerveau à du repenser à la bible, à Pascal et cette phrase m'est venue. Qui veut faire l'ange fait la bête.

Faut dire qu'elle m'a intrigué les premières fois où je l'ai lu cette phrase. Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ? Un rapport avec la bête à deux dos ? Non ça m'échappait... Je manque clairement parfois de culture faut dire.

Mais à vrai dire j'aime bien que les phrases m'échappent, elles restent suspendues dans leur opacité et à un moment paf, elles se précipitent sur mes pensées et les résument.

Mais alors à quoi j'étais en train de penser ? Bah à un patient figurez vous. Il me racontait à quel point il est collé à son fils, prêt à satisfaire ses moindres désirs. C'est plus fort que lui, faut qu'il sauve tout le monde déjà, alors son fils... Étonnamment au fur et à mesure du temps, le petit est devenu un assisté dont il faut satisfaire les moindres caprices. Mais bon, il a divorcé, rencontré une nouvelle femme qui est venue un peu mettre le holà sur sa pente à tout donner au mépris de soi à son petit choucou. Les femmes ont parfois cette capacité étonnante à faire sortir les hommes, un peu, de leur ronron symptomatique.

Enfin bref, lui faisait l'ange, mais de là il faisait une bête, son fils. Ca s'entend autrement ceci dit, il faisait l'ange, mais en même temps il se laissait aller à la pente de sa jouissance et de son symptôme. Sous couvert de l'ange, il donnait libre cours à sa bête intérieure.

Mais ça recoupe d'autres choses cette petite formule... Je me souviens d'une mère que j'avais accompagnée. Vive, elle captait bien ce qui se passait, qu'elle s'accrochant trop à ses enfants, mais c'était son symptôme. Trop peur... De quoi, ça aura été le travail qu'on aura fait ensemble, mais c'est pas le sujet. Ses enfants avaient fini par devenir des avocats redoutables. "Mais maman tu nous enfermes en faisant tout ça !" lui disait la plus grande. Le plus petit qui voulait rentrer tout seul de l'école avait même proposé à sa mère de faire des répétitions pour qu'elle n'ait plus peur. Les enfants sont pleins de trouvailles étonnantes...

Je me souviens qu'une fois réglé ce qui fondait sa peur, elle s'était posée la question de son avenir. D'une voix tremblante elle avait dit "Mais s'ils ont plus autant besoin de moi, qu'est ce que je vais devenir moi ?". Bah c'était une bonne question, et on en a repris pour quelques séances. Elle a fini par trouver un bon poste en mentant son sur CV et aux entretiens qu'elle a passé. Je vous dis, elle était pleine de ressources. Elle voulait faire l'ange, elle les a pas rendus bêtes...

Enfin au moins ils étaient lucides ces parents, ils ne se disaient pas qu'ils y étaient pour rien... Ils avaient conscience que le problème venait d'eux.

Ils sont pas nombreux les parents à avoir conscience que dans pas mal de cas c'est l'ambiance complètement dingue à la maison qui entraîne les comportements compliqués des enfants. Ils tombent des nues après avoir laissé pourrir la situation pendant des années et viennent voir le psy tout penauds en s'étonnant que leur enfant leur fasse des misères. C'est fou...

C'est une autre manière de faire l'ange ici c'est d'être en plein déni de leur fonctionnement pathologique. J'en croise quelques uns dans l'institution où je bosse. A leur décharge ils sont parfois bien trop malmenés par la vie pour pouvoir faire autrement. Je vous passe les récits absolument dingues...

Ce qui me ramène aux enfants assez malmenés par la vie eux aussi. Du genre à parfois se taillader les avants bras pour se calmer parce que la tension psychique est insupportable. Ou à me dire "Hey tu me mets une claque ?". Ce à quoi je m'exécute, une grosse mandale dans sa tête et le voilà traversant l'institution en hurlant pour se faire choyer par un autre thérapeute.

Hey, pour de faux, hein, vous me prenez pour qui ? Comme si on frappait les gosses. C'est sa manière à lui de rejouer ce qui se joue de violence chez lui et d'essayer d'en faire autre chose. De nous dire la violence qu'il subit, sans pouvoir mettre de mots sur la détresse que ça lui provoque. Il vient jouer ça avec nous, et on l'accompagne pour lui donner quelques armes.

Bon je m'égare, y a plus trop d'anges dans mon affaire là, juste le sordide banal qu'on rencontre parfois dans mon métier. Qu'à cela ne tienne, il s'agira de donner assez d'assises à ces enfants pour aller mieux, tant que faire se peut.

Et si on reçoit les parents, comme dans le cadre du libéral pour moi, essayer de desserrer les symptômes des parents pour que ça impacte moins leurs enfants. Parents, si vos enfants ont des problèmes, n'hésitez pas à consulter (pour vous, mais bon pour lui aussi, allez hop tout le monde chez le psy)

Qui veut faire l'ange fait docteur Knock...

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